Il était une fois Stella, Hélios, Nufnuf, Mumin et plusieurs autres camarades qui avaient trouvé refuge chez Geneviève à la Cour des Aulnays à Challain-la-Potherie. Chacun cohabite dans l’harmonie et le respect de l’autre et de son caractère, même Konrad. Konrad c’est le revêche du groupe, c’est leur Grincheux à eux ce qui ne le rend pas moins attachant et indispensable au lieu !
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Avec Geneviève Karlsson, la propriétaire des lieux, nous avons passé près d’ 1h30 à échanger sur ce qui, finalement fait vibrer nos deux cœurs : Patrimoine, écologie, permaculture, respect des hommes, de la Terre et de TOUS ses habitants. Elle m’a également plongée des années en arrière pour me raconter l’histoire des lieux au combien riche et longue !
Il y a beaucoup de choses à dire sur ce site un peu tombé en désuétude. En effet, il offre un potentiel formidable pour toute personne capable de voir au delà des travaux à effectuer. C’est le pari de Geneviève qui œuvre chaque jour pour redonner sa grandeur à ce domaine d’un grand âge.
Vous trouverez le dossier complet de la Cour des Aulnays ici et dont certains éléments de cet article sont issus.
Pour une lecture facilitée
L’histoire en 3 grandes périodes
Voyageons alors à travers le temps pour comprendre les lieux et son devenir.
La cour des Aulnays : hier
A l’origine
La cour des Aulnays s’appelait autrefois la Seigneurie des Aulnays du nom de la première famille propriétaire. L’orthographe des lieux a quelque peu évolué au gré des époques complexifiant un peu les recherches dans les archives.
Le site se situe à proximité de la Bretagne. Pour se protéger des attaques potentielles et avérées, de nombreuses places fortes furent érigées dans la région. Ainsi la trace la plus ancienne retrouvée aujourd’hui date du XIV siècle.
Des anciennes douves, trois portions ont été bouchées : Une lors de la construction du four à chaux pour agrandir la route, et les deux autres par le dernier agriculteur pour faire une fosse à lisier bétonnée. Il subsiste aussi le châtelet (ancien pont-levis), les dépendances et la chapelle construite en 1506. Ces bâtiments sont inscrits à la liste supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1989.
Une période plus tumultueuse
Comme beaucoup de sites historiques, les lieux connurent une période tumultueuse lors de la révolution française. Ils ont notamment été le siège de combats dans la guerre qui opposaient les royalistes (les Chouans) des nouveaux républicains. 20 hommes seraient tombés en une seule bataille parmi les nombreuses qu’ait connu cette période.
La transformation en ferme
Après ces épisodes sanguinaires, le site reprit vie en se transformant en ferme. C’est à cette époque que la maison fût construite des ruines d’anciennes dépendances. Les autres parties prirent des fonctions agricoles : le châtelet en soues à cochons ou encore la chapelle en grange à foin. On peut découvrir la tour qui était l’ancien colombier du domaine et qui demande à être restaurée.
A sa transformation en métairie, le site pris le nom de la Cour des Aulnays, nom qui est d’ailleurs resté.
Mise à en vente en 2007, elle trouva acquéreur en 2011. Une nouvelle vie commence alors pour cet ensemble vieux de plus de 6 siècles.
La cour des Aulnays : Aujourd’hui
La Cour des Aulnays s’étend sur un territoire de 5 ha avec son étang, son potager, ses bois, son ensemble bâti et ses animaux.
Geneviève, la nouvelle propriétaire des lieux
Geneviève est arrivée en France à 15 ans de sa Suède natale, française par sa mère. Elle poursuit ses études, se forme et trouve du travail en tant qu’éducatrice . Citadine par défaut, elle ne rêve que de s’évader dans la nature et de mettre en application ses convictions profondes. Elle espère pouvoir retrouver ses grands espaces suédois où la nature reste libre, assez loin de nos campagnes françaises où la moindre parcelle est exploitée. En quête d’un endroit où elle pourrait enfin réaliser ses rêves, la Cour des Aulnays lui ouvre alors ses portes pour ne plus les refermer. Les péripéties de la vie font qu’elle se trouve assez rapidement seule maîtresse à bord. Désormais complètement libre, elle va pouvoir avancer sur son chemin doucement mais sûrement :
Transformer la Cour des Aulnays en Ecolieu.
La vie à la Cour
Tout le site est géré selon les principes de la permaculture et dans toutes les pétales de la fleur permaculturelle. Geneviève Karlsson s’appuie également sur l’association, « les amis de la Cour des Aulnays », pour gérer tout le site. C’est un lieu ouvert où se déroulent des chantiers participatifs, de nombreux concerts. L’acoustique de la Chapelle est excellente mais aussi dans l’étable ou sur l’étang :-). Tout se déroule dans l’harmonie des lieux.
De nombreux stages sont aussi organisés pour toutes les envies. Vous souhaitez rester un peu plus longtemps dans cet endroit particulier ? La Cour des Aulnays, c’est aussi un gîte et l’ensemble peut-être loué pour plusieurs jours.
Les animaux
Les animaux font partie intégrante du paysage de la cour. Avec les pierres, ils font même l’identité des lieux !
Les animaux sont en liberté. Ils vont là où bon leur semble ce qui peut interpeller quelques fois les visiteurs ! D’autant plus que Konrad, le coq, n’y met pas toujours du sien pour accueillir les hôtes. Il aime bien venir piquer les mollets des personnes et par derrière ! Geneviève a alors trouvé une solution créative à ce problème : le pistolet à eau dont elle munie quiconque oserait pénétrer dans la Cour !
Plus sérieusement, le lieu veut nous transmettre un autre regard sur les espèces animales à travers les notions d’antispécisme et de transpécisme. J’avoue que j’ai découvert ces termes pendant mon échange avec Geneviève. ET j’ai adoré apprendre de nouvelles choses. Néanmoins, j’avoue ne pas encore être prête à devenir complètement végétarienne. Ma plus jeune de mes filles elle par contre s’en approche fortement.
Antispécisme : L’égalité que prône l’antispécisme concerne les individus, et non les espèces. Les intérêts des individus (à vivre une vie heureuse, à ne pas souffrir) doivent être pris en compte de manière égale, indépendamment de l’espèce de ces individus.
Transpécisme : c’est un courant psychologique qui stipule que les animaux sont dotés d’une sensibilité qui n’est en rien à envier aux humains. Par conséquent, on les respecte dans leur intégrité, comme on le ferait avec nos semblables.
Et c’est donc surprenant de découvrir ces animaux vivant en parfaite harmonie.
À la Cour des Aulnays, on ne mange pas les animaux, on ne leur fait pas peur, on ne les exploite pas , on les câline.
La gestion des terres et des espaces verts
Outre la permaculture dont les principes guident chacune des actions du site, ce lieu s’inspire également de Gilles Clément : jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain français.
Il développe sa pensée autour de 3 concepts :
Le Tiers paysage : qui représente l’ensemble des territoires délaissés par l’Homme (ruines, villes désaffectées, etc …) Dans ces endroits, véritable réservoir génétique de la planète, la biodiversité explose.
Le jardin planétaire : Notre Terre est finalement un grand jardin, un espace fini où l’Homme a le devoir de le gérer durablement.
Le jardin en Mouvement : Laissons les jardins se métamorphoser eux-mêmes au gré des saisons, des déplacements des graines, etc …
Faire le plus possible avec, le moins possible contre.
J’aime beaucoup cette idée de faire confiance à la nature qui nous entoure, de l’accompagner, de l’aimer et de l’admirer dans sa liberté.
Le potager
Le potager bien sûr est cultivé en permaculture. Il s’étend sur 700m2 où se côtoient les plantes annuelles cultivées mais aussi des plantes sauvages qu’il faut réapprendre à apprécier et surtout à ne plus en être effrayé.
Ainsi, c’est le premier axe de développement pour tendre vers l’autonomie, celle alimentaire. D’autres projets sont en réflexion ou en cours de réalisation pour pousser plus loin l’autotomie du site.
La biodiversité en général
De part la variété de ces paysages : les bois, l’étang naturel, les anciennes douves devenues zones humides, la biodiversité retrouve naturellement sa place. Vous pourrez découvrir des martins-pêcheurs qui nichent à l’étang, des anguilles, des hérissons, 11 espèces de chauve-souris dont les belles Pipistrelles, des salamandres, lézards verts, tritons crêtés et palmés, etc …
La cour des Aulnays : demain
Sa transformation en écolieu
Les écolieux se fondent sur des valeurs comme l’autonomie, l’ouverture, le respect de la nature, des autres et de soi, la solidarité et la liberté de croyance individuelle.
L’autonomie en eau
L’eau, c’est l’ énergie qu’il paraît indispensable à avoir et en bonne qualité. L’eau se pense à travers un flux, ce qui rentre et ce qui sort.
Il existe différentes sources d’eau sur le site, l’étang bien sûr mais également les toitures et un puits jamais encore connu à sec.
En ce qui concerne l’eau qui sort des différents bâtis, elle sera gérée par de la phyto-épuration à travers des bassins, en réhabilitant les anciennes douves.
Comme toute vieille pierre achetée, il y a souvent le problème de l’assainissement non conforme. Geneviève Karlsson a alors appliqué un des principes de la permaculture : soit créatif face au changement ! De toilettes classiques, elle est passée aux toilettes sèches : économie d’eau indéniable et ressources futures pour le potager !
L’autonomie en électricité
L’entreprise La Watterie viendra s’installer à la Cour des Aulnays. Cette entreprise, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de groupes électrogènes, aidera le lieu à devenir peu à peu autonome en énergie. En parallèle, Guillaume Piton, le gérant, installera une serre bioclimatique tout en implantant et gérant un certain nombre de haies fruitières.
L’autonomie financière
Le développement de toutes ces réalisations n’est pas gratuit. La gestion du site en gîtes, lieu de divertissement, etc … ne suffit pas à rentabiliser durablement le site.
La Cour des Aulnays aurait besoin de près de 2 millions d’euros pour être complètement hors de danger.
Dans ces conditions, une première tranche de travaux a été décidée et s’élève à 250 000 €. Cet argent permettrait de pérenniser le site en le rendant de plus en plus apte à s’autofinancer. Par exemple, le toit de l’étable est prévu d’être rénové. Des huisseries et une réfection du sol permettront de transformer le bâtiment en salle des fêtes louable toute l’année.
Le domaine est une propriété privée mais cela n’en est pas moins un patrimoine public que Geneviève tient à laisser ouvert au plus grand nombre.
Pour cela, sur les 250 000 euros nécessaires, 90% sont déjà financés par différents organismes comme la Mission Bern. Néanmoins pour en profiter, à charge de Geneviève et de ses amis de récolter les 10 % manquant soit 25 000 €, d’où la campagne de crowdfunding lancée en 2019 qui connut un grand succès.
Pour finir …
Le site n’a pas fini de livrer tous ses secrets. En effet, forte de ses recherches, Geneviève a récemment découvert que l’étang, asséché pour exploitation au XIXème siècle, avait fait ressurgir des œufs antédiluviens. Qui sont-ils ? Ça c’est une autre histoire …
Geneviève Karlsson, dans le monde de la sauvegarde du patrimoine, tisse inexorablement sa toile et son réseau. Elle force le respect par sa persévérance, la qualité de son travail. Les institutions, ses voisins et ses hôtes reconnaissent sa pugnacité à sauver ce patrimoine. On ne peut que la remercier.
Ce qu’elle aime avant tout, c’est échanger, confronter les points de vue. Même si ses invités ne ressortent pas complètement convertis, elle espère avoir semer de petites graines qui grandiront à leur rythme et qui iront par la suite ensemencer d’autres têtes et ainsi de suite.
Échangeons …
Vous êtes propriétaire ou vous avez visité un tel lieu qui se consacre tout autant à la sauvegarde de notre patrimoine historique qu’à celui de notre biodiversité.Vous aimeriez le partager ?
Écrivez moi pour échanger, nous rencontrer je serais ravie d’en consacrer un article en toute simplicité.