Pour ce rendez-vous du modèle écologique inspirant, nous vous emmenons dans les Ardennes, dans un petit village dont l’histoire récente est marquée par les trois dernières guerres Franco-Allemandes. Néanmoins, le château de Clavy-Warby date de bien plus longtemps. Cette maison forte, coup de cœur des parents d’Anne-Laure Delaporte, tend à s’inscrire aujourd’hui dans la transition écologique, chère à la propriétaire.
Pour une lecture facilitée
L’histoire du château de Clavy-Warby
Le château se situe sur la commune de Clavy-Warby dans les Ardennes. Par sa position limitrophe des pays du Nord et la traversée de la Meuse, les Ardennes ont été marquées par l’Histoire, tant par les développements économiques que par des rivalités de territoire. Ainsi de nombreuses maisons fortes et châteaux jalonnent le département.
Le château de Clavy-Warby semble dater du XIVe puisque l’on trouve encore une des 5 ou 6 tours formant jadis l’ensemble de la maison forte. La porte cochère de l’ancien pont-levis, par laquelle passe une petite route de village, et le bâtiment en “L” s’organisent autour d’une cour, aujourd’hui ouverte sur l’extérieur.
Depuis les années 1970, ce château est la propriété de la famille d’Anne-Laure Delaporte, à la suite d’un coup de cœur de leur maman pour cette vieille bâtisse. Anne-Laure y a grandi et y est donc encore très attachée.
Depuis 2009, le château subvient à ses besoins grâce à sa location en tant que gîte. Son atmosphère familiale rend cette maison chaleureuse malgré l’austérité apparente des murs massifs avec ses façades percées de meurtrières.
Anne-Laure Delaporte et son lien avec la nature
Ce château est entouré d’un parc arboré de 1000 m2 et d’un jardin attenant de 1700 m2, travaillé, modelé par leur mère comme jardin traditionnel ornemental.
Anne-Laure Delaporte travaille à la Direction Départementale des Territoires. Elle est très sensible à toutes ces questions écologiques qui remuent un peu le monde de l’agriculture. Elle est alors au plus près pour semer des graines de changement qui n’attendent qu’un meilleur terreau pour se développer et exploser de vie. En attendant, elle et sa famille s’emploient tous les jours à consommer de façon responsable en transmettant leurs valeurs au plus grand nombre. Elle est convaincue que le consommateur a un grand rôle à jouer dans cette transition écologique inévitable.
En ouvrant le château aux Journées Européennes du Patrimoine depuis 5 ans, elle oeuvre pour la transmission de ses valeurs au public. Elle souhaite lier l’histoire du château à ce jardin de 1700 m2, en tant que vitrine de nouvelles pratiques possibles.
Mais voilà, ce jardin elle le connait par cœur ! Et elle le confesse elle-même : elle n’a pas d’imagination…
Une chaise est une chaise, ça ne sera jamais une table !
Néanmoins, elle aimerait bien le transformer tout en restant fidèle à l’esprit de sa maman. Entre la vie de famille, le travail, la gestion du gîte, ce jardin est « seulement » entretenu mais ne demande qu’à être révélé avec l’ambition de s’ouvrir aux journées des « Rendez-vous au jardin » en juin, et de faire également partie intégrante de la visite lors des Journées Européennes du Patrimoine.
Poppet society : promouvoir l’art, la nature et les valeurs de la permaculture
Caroline Thunus
Caroline Thunus est originaire de Charleville-Mézières. Pendant 20 ans, du côté de Lille, elle façonne son expérience dans différents métiers, comme historienne de l’art, plasticienne et organisatrice d’événements culturels. Elle décide de revenir aux sources dans cette ville des Ardennes, riche d’un patrimoine indéniable. Soucieuse de contribuer à l’émergence de la philosophie permaculturelle, elle reprend ses études en obtenant par correspondance un BTS Aménagement Paysager à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers avec le suivi de deux projets permacoles lors de son stage chez les Saprophytes, collectif d’architectes et paysagistes à Lille.
Poppet Society voit le jour en 2018 et l’année suivante c’est le Labo Sauvage qui se fait une vitrine rue du moulin, voie classée aux monuments historiques à Charleville Mézières entre la place Ducale et le musée Rimbaud.
L’ADN de Poppet Society et du Labo Sauvage
Poppet society est née de la volonté de donner du sens à l’existence. Elle s’inspire de l’éthique et des principes de la permaculture, vision holistique proposant des systèmes durables et équitables basée sur l’observation de la nature. Son objectif est de concevoir, transmettre et diffuser des projets liés à cette philosophie de vie. Caroline Thunus
Le labo sauvage propose la possibilité de :
– participer à des ateliers d’arts plastiques sur des thématiques nature pour les enfants et les adultes,
– concevoir des aménagements de jardin (diagnostic et plan) sur l’exemple de design permacoles. Sensible également à la philosophie de Gilles Clément, Caroline tient à créer des lieux esthétiques, poétiques et durables comme un prolongement de l’histoire des lieux,
– intervenir auprès de groupes et/ou de structures pour des initiations à la permaculture.
Sa mission peut également se résumer de cette façon :
Promouvoir la permaculture au-delà des jardins en s’intéressant à tous les systèmes humains.
La rencontre avec les propriétaires du château de Clavy-Warby
Attiré par la vitrine du Labo Sauvage et les dessins de conception de jardin, Nicolas Delaporte voit alors le cadeau parfait à offrir à sa femme pour son anniversaire : la conception de ce jardin de 1700 m2, berceau de son enfance.
Le projet du château de Clavy-Warby
Le design permaculturel
En tant que propriétaire, quand vous décidez de vous lancer dans une conception permaculturelle, quelques étapes clés sont à dérouler pour gagner en efficacité et balayer tous les aspects. Souvenez-vous de l’anagramme : VOBREDIM
La conception du jardin du château de Clavy-Warby
La mission de Caroline au château de Clavy-Warby était de valoriser cet ancien jardin en affirmant son identité médiévale sur les principes de la permaculture tout en respectant l’esprit de la mère des propriétaires actuels et de l’Histoire des Lieux.
Caroline avait carte blanche mais ne partait pas d’une page blanche.
Concrètement, la démarche de Caroline s’est déroulée de la façon suivante :
1) ÉTAT DES LIEUX/DIAGNOSTIC
– Identifier la vision, les besoins et les objectifs des propriétaires lors d’une première visite (exemple : jardin ornemental, nourricier, jardin d’eau ? Quel niveau d’entretien ? Quel usage, etc…)
– Identifier les végétaux en place, la qualité du sol, les orientations du terrain, …visite seule pour se plonger, s’imprégner, s’inspirer de l’espace, de l’ambiance.
2) PROPOSITION D’UN DESIGN
Avec un fil rouge, un thème général. Ici nous avons le jardin médiéval et le thème de l’amour qu’il soit marital ou filial.
Cette forme ne vous rappellerait pas un cœur ? Avec des couleurs chaudes et des couleurs froides de part et d’autre du filet d’eau provenant de la gouttière de l’ancienne brasserie.
Le potager en carré médiéval en plessis et sa haie de plantes médicinales.
Dans le fond du jardin respectant le zonage permaculturel : le verger. (les endroits les plus éloignés de l’habitation doivent être réservés aux plantations demandant le moins de travail au quotidien).
La partie prairie fleurie pourrait correspondre à la zone sauvage du design permaculturel. Exit la tonte et rendons une partie du terrain à la nature qui nous le rendra en faisant exploser la biodiversité.
3) ÉLABORATION D’UN DOSSIER COMPLET
Élaboration d’un dossier complet avec toutes les études nécessaires et la projection finale.
4) VALIDATION DU PROJET ET/OU AJUSTEMENTS FINAUX
Pour la mise en œuvre, il y a plusieurs possibilités :
- Soit les propriétaire s’en chargent
- Soit les propriétaires font appel à un jardinier qui aura la charge de la mise en place
- Soit un mixte des 2, c’est ce qui se passe à Clavy-Warby
Conclusion
Bien que sensible et avertie à la philosophie permaculturelle, Anne-Laure Delaporte a eu néanmoins des difficultés à prendre suffisamment de recul pour transformer un jardin qu’elle connaît par cœur. L’intervention d’une tierce personne, Caroline Thunus, a permis cette prise de hauteur pour offrir au lieu un nouveau visage dans le respect de l’esprit de la maman de Caroline et des lieux.
Le plan et le dossier ayant été livrés juste avant le confinement, les Delaporte ont eu le loisir de se l’approprier pendant cette parenthèse. Ils peuvent compter également sur l’aide d’un jardinier, Christophe Destrebecq qui vient boucler le trio gagnant :
De la Vision (Anne-Laure) à la Réalisation (Christophe) en passant par la Conception (Caroline).
Alors bien évidemment le résultat n’est pas encore là, mais on ne manquera pas de revenir dans quelques temps pour découvrir le passage du papier à la réalité.