Il était une fois, Jules, jeune homme de 14 ans qui entrât en tant qu’apprenti Au Bon marché, 1er grand magasin fondé par M et Mme Boucicaut en 1858. Grâce aux avancées sociales et à la générosité de ses employeurs, il fît fortune et devint rentier à 48 ans. Tout d’abord passionné de photographie, il se prit d’amour pour la reine des fleurs et commença alors une nouvelle carrière en tant que rhodologue en créant la première roseraie du genre.
Une fois à la retraite, Jules Gravereaux déménagea avec toute sa famille dans une propriété à l’Haÿ au sud de Paris. Amateur de photographie, il passait ses journées enfermé dans sa chambre noire. Sa femme inquiète pour sa santé, lui suggèra d’aller s’occuper du jardin pour fleurir la maison. Elle n’imaginait vraisemblablement pas ce qu’allait lui offrir son mari, à elle mais également au reste du monde !
Pourquoi autant d’engouement pour cette fleur, la Rose ?
Pour une lecture facilitée
L’histoire de la Rose
Depuis l’antiquité la rose est considérée comme la fleur des fleurs. Emblème de Vénus, la Rose est sacrée et un signe de richesse chez les Romains où sa forte utilisation devint une activité économique importante.
Mais son histoire est beaucoup plus ancienne. En effet, cette fleur existait bien avant l’Homme comme en témoignent les traces de fossiles retrouvées et qui dateraient de 35 millions d’années ! Aujourd’hui, ces fleurs sauvages, appelées églantier, sont généralement blanches teintées de rose aux 5 pétales fragiles.
Le parfum de la rose enivrant fît tourner la tête à bien des hommes et de nombreuses variétés ont ainsi été créées tantôt pour la beauté de sa fleur tantôt pour sa senteur délicate. Jules Gravereaux fût l’un d’eux et ambitionna assez rapidement de collectionner toutes les espèces de roses existantes de son époque. Il souhaitait en faire un musée vivant pour ses contemporains et les générations futures.
L’histoire ne dit pas pourquoi Jules Gravereaux choisit la rose, peut être en hommage à une de ses filles, prénommée Rose, décédée prématurément.
Aujourd’hui, propriété de département Val de Marne, le vaste domaine de Jules Gravereaux se décompose en 3 ensembles : La Maison Empire / Le parc départemental de la Roseraie / La Roseraie à la française.
Le domaine de Jules Gravereaux
La Maison Empire
Avant d’aller faire un tour dans le jardin, commençons par la maison Empire ou la maison de l’orfèvre. C’est une maison aux formes géométriques et symétriques selon le style de l’époque.
Le parc et un pavillon datant du XVII ème siècle furent acquis comme bien national par Henri Auguste *, ancien orfèvre du roi devenu orfèvre de la Nation en 1793. Il fît rasé ce dernier pour construire en lieu et place, en 1805, la Maison Empire telle que nous pouvons l’apercevoir aujourd’hui. Enfin, on ne peut pas vraiment la voir puisque cette maison, propriété du département de la Seine (devenu aujourd’hui le Val de Marne), depuis 1973, est désormais le logement de fonction des sous-préfets de l’arrondissement.
En 1892, Jules Gravereaux s’y installa avec sa famille. Il transforma la propriété en rajoutant une véranda, côté jardin, des dépendances et créa la célèbre Roseraie à la française sur 1,5 h.
*Quelques œuvres issues du service le « Grand Vermeil »d’Henri Auguste. Cette collection est présente au musée Napoléon 1er au château de fontainebleau (77) . Il a été offert par la ville de Paris au souverain en 1804 et comptait 746 pièces.
Le parc départemental de la Roseraie
Au moment de la vente de la propriété dans les années 1930, le parc à l’anglaise se transforma en parc départemental de la Roseraie. De nombreuses manifestions se déroulent et c’est un lieu de détente pour tout flâneur.
L’histoire de la roseraie à la française
Trois grandes périodes jalonnent l’histoire de ce conservatoire :
Le début de passion de Jules Gravereaux
C’est en 1894 que Jules Gravereaux commence à collectionner les roses, à les étudier et à en faire des hybridations. Pour cela, il utilise l’ancien potager pour commencer ses cultures.
L’arrivée d’Edouard André
Fort d’une collection de 1600 espèces et variétés, Jules Gravereaux fait appel à Edouard André en 1899, célèbre paysagiste du XIXeme siècle pour organiser et structurer ses rosiers. Il mit alors en place des structures pour la plupart en bois et certaines en métal pour valoriser cette collection et utiliser l’espace dans les 3 dimensions. Ce jardin regroupa, alors, toutes les espèces du genre Rosa connues à cette époque.
Sa figure actuelle grâce à Henri, fils de Jules
Dès 1910, Henri, le fils de Jules Gravereaux, reprend la gestion de la Roseraie et l’agrandit dans la partie sud pour lui donner sa forme actuelle. Les rosiers continuent d’être palissés comme il y a plus de 100 ans à l’aide de lanières en osier et aucun pesticide ni engrais ne sont utilisés. Près de 3200 variétés pour 13000 pieds se côtoient dans une organisation de 13 parterres autour de la roseraie décorative ou dit à la française , en symétrie autour du miroir d’eau. Cette partie regroupe les plus belles fleurs de la collection.
Cette roseraie nous offre un véritable voyage dans le temps en nous retraçant l’histoire de cette fleur à travers les continents d’hier à aujourd’hui.
L’héritage de Jules Gravereaux
De part sa passion, Jules Gravereaux est devenu un véritable connaisseur connu et reconnu pour son expertise.
Du beau monde vient visiter la Roseraie, et notamment le président Raymond Poincaré. Assez rapidement on lui demande de l’ouvrir au public ce qu’il n’hésite pas à faire.
Fort de cette notoriété, la commune de l’Haÿ devient l’Haÿ-les-Roses en 1914. Aujourd’hui, la Roseraie est un véritable musée vivant, puisque c’est le plus grand conservatoire de roses anciennes (roses d’avant 1945). Elle en compte près de 2500 espèces et 11 000 pieds.
La Roseraie de Malmaison
Ayant ainsi acquis de nombreuses connaissances, Jules Gravereaux fût approché par M. Ajalbert pour reconstituer, au Château de Malmaison, la collection de l’Impératrice Joséphine (1798). Sur les 250 variétés connues, 198 furent ainsi retrouvées.
La Roseraie de Bagatelle
En 1907, Jules Gravereaux fit le don de plus de 1500 variétés et espèces à Jean-Claude-Nicolas Forestier, conservateur des Parcs et Jardins de la ville de Paris (acquisition en 1905 du parc de Bagatelle par la ville de Paris).
Pour finir
Ce que j’aime dans l’histoire de cette roseraie, c’est qu’elle n’aurait sans doute pas existé sans l’incroyable générosité de Mme Boucicaut. En effet, L’ascension sociale de cette grande dame aux origines modestes, a fait de sa fortune un cercle vertueux. En distribuant consciencieusement son argent, elle a permis l’émergence de projets ambitieux qui marquent notre Histoire et celle du monde. Et à son tour, Jules Gravereaux nous a laissé de fabuleux trésors qui j’espère dureront encore des décennies.
Toutes ses histoires illustrent à merveille le créer l’abondance et la partager !
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3 commentaires
Mme Boucicaut, un rapport avec celle de Chalon ?
oui c’est la même. Les employés était régulièrement récompensés pour leur travail et à sa mort elle a légué une partie de sa fortune à ses employés selon leur ancienneté ! C’est pour cette raison que Jules Gravereaux est devenu rentier et a eu le loisir de se reconvertir ! Cette roseraie c’est donc un peu son héritage aussi
Je retiens cette phrase : Créer l abondance et la partager.