Le domaine départemental de Méréville

par Céline (admin)
méréville

Il était une fois un ancien château médiéval qui se transforma au fil du temps jusqu’à trouver son apogée au 18ème siècle avec une maison néo-classique et son jardin pittoresque, typique des jardins à la mode de l’époque. Entièrement façonné sous la main de l’homme, sa force réside dans son aspect plus que naturel où néanmoins chaque enrochement est l’œuvre d’une réflexion et d’un savoir-faire humain.

Visite dominicale par forte chaleur, j’ai découvert ce domaine en renaissance où chaque point de vue nous invite à la contemplation. Je connaissais le terme de jardin anglais, bien évidemment, mais j’avoue avoir découvert celui de jardin pittoresque qui nous fait voyager dans le temps et dans l’espace. Les termes de fabriques et d’enrochement sont également des découvertes et c’est vraiment passionnant !

Les origines du domaine de Méréville

Au commencement, il y avait un château

Un château médiéval

Au pays de la Beauce, grenier de la France et plat pays, ce domaine n’a pas toujours eu la physionomie que l’on découvre encore aujourd’hui. Loin de cette demeure riche du 18éme siècle, se dressait alors un château médiéval datant du 12ème siècle, appartenant à la famille de Nemours.

En pleine guerre de 100 ans, ce château fût détruit pour empêcher les anglais d’en prendre possession. Il fût alors reconstruit en 1457 par la famille de Reilhac à l’emplacement que l’on voit aujourd’hui.

Vers une demeure néo-classique

Le château subit une première transformation au début du 18ème siècle pour se mettre au goût de l’époque. On le doit à Jean Delpech qui conserva néanmoins les 4 tours médiévales. Ce n’est que vers la fin du siècle avec le nouveau propriétaire : Jean-Joseph de Laborde, qu’il se verra flanqué de deux pavillons au nord et au sud de la bâtisse principale.

Vers un jardin pittoresque

Jean-Joseph de Laborde

Quant au jardin, il subira également un profond remaniement. Traversé par le ruisseau, La Juine, il compta jusqu’à 400 ha de superficie avec de nombreux bois et un jardin classique jusqu’au 18ème siècle. Ce jardin régulier se métamorphosa, sous l’impulsion de Jean-Joseph de Laborde, en un jardin irrégulier, où sous la main de l’homme, la nature est sublimée à grands coups de travaux conséquents pour détourner, creuser, remonter chaque cm carré de terre. Le domaine de Méréville est un héritage de ces jardins en vogue à l’époque et appelé : jardin à l’anglaise ou encore pittoresque (de l’italien pittore, désigne un paysage digne d’être peint) ou encore anglo-chinois.

Il ne resta aujourd’hui que 58 hectares riches néanmoins d’écosystèmes très variés et en pleine réhabilitation.

Méréville, un jardin pittoresque

Le 18ème siècle : un nouveau style

A peine le domaine acheté en 1784, Jean-Joseph de Laborde souhaite un grand jardin anglais où les promenades feraient découvrir de nombreuses scènes mettant à l’honneur la nature. Ainsi, chaque parcelle est pensée et travaillée pour donner des points de vue différents nous faisant voyager de l’antiquité au siècle des Lumières, de l’Italie jusqu’en chine.

Pour cela, on n’hésite pas à détourner le lit du ruisseau La Juine pour la rendre de rectiligne à serpentine en créant ça et là des petits lacs. Chaque transformation de paysage permet également d’admirer en tout point le château.

De nombreuses fabriques, propres aux jardins pittoresques ponctuent les promenades :

  • les fabriques classiques : inspirées de l’antiquité
  • les fabriques exotiques, qui s’inspirent des pays lointains
  • les fabriques naturelles, comme les grottes ou les enrochements ou encore des collines
  • les fabriques champêtres : chaumières, huttes, et reproductions d’architectures vernaculaires.

On peut aussi admirer des folies, comme l’ancien moulin. Ce sont des bâtiments originaux servant à l’habitation. Pour le Moulin de Méréville, c’est une contrainte de Jean-Joseph de Laborde ayant l’obligation de mettre un moulin à la disposition des habitants au risque de perdre son droit seigneurial. Le moulin est constitué d’un rez-de-chaussée habité par le Meunier et d’un étage, détruit par les flammes, destiné à la famille Laborde.

Deux hommes à l’origine du jardin de Méréville

M. de Laborde fait appel à 2 hommes et 2 métiers différents pour dessiner ce jardin dont les travaux dureront 10 ans et nécessiteront 400 ouvriers !

  • François-Joseph Bélanger (à gauche) : l’architecte des jardins, à qui l’on doit, entre autres, le jardin de Bagatelle.
  • Hubert Robert (à droite) : le peintre visionnaire aussi surnommé : « Robert des ruines », connu pour dessiner des paysages de ruines. (pont romain par exemple)

A peine achevé et suite à la mort du marquis de Laborde sous la terreur, ce jardin passera des propriétaires en propriétaires. Démantelé, abandonné, il sera racheté en 2000 par le département de l’Essonne qui a à cœur de le restaurer pour retrouver de la lisibilité dans les différentes scènes et permettre aux visiteurs de redécouvrir les caractéristiques d’un jardin anglo-chinois.

Méréville, un écosystème préservé

Le département de l’Essonne souhaite faire du domaine de Méréville à la fois une vitrine de l’héritage de ces jardins pittoresques su 18ème siècle tout en en faisant un lieu de préservation de la nature.

Ainsi, les réaménagements des espaces, la création d’abris via les enrochements ou encore les creusements d’étendues d’eau permettent la cohabitation d’écosystèmes variés :

  • 15 espèces de chauves-souris occupent le site, en particulier dans le château et les bois
  • Plusieurs espèces de mammifères ont été répertoriées sur le site. Il est ainsi fréquent d’observer des chevreuils courir se cacher dans le bois du coteau
  • Concernée par une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZINEFF), une partie de la zone humide abrite notamment une héronnière
  • La prairie humide offre des habitats propices au développement d’insectes. On y trouve la Fougère des marais, une espèce protégée.
  • De nombreux arbres sont plantés au milieu d’une prairie volontairement laissée non tondue.
  • Une pommeraie a été plantée à l’emplacement de l‘ancien potager, avant 1791
  • Un nouveau potager et sa maison de jardinier abrite des ruches dans sa partie haute et porte un projet d’arboriculture dans sa partie basse. A quand un vrai potager en permaculture ?

Pour finir …

Sincèrement, on a dû mal à imaginer ce parc sous le prisme de la main humaine tant l’ensemble est harmonieux. Il est très agréable de s’y promener, de flâner de s’arrêter, de sentir, d’observer, etc. … De nombreux projets peuvent encore permettre de redonner toute la grandeur d’antan à ce parc avec peut-être la réinstallation de certaines fabriques, aujourd’hui toutes disparues. La réhabilitation du château classé aux Monuments Historiques depuis 1976 et actuellement non accessible, permettrait d’achever cette renaissance. Alors surtout il ne faut pas hésiter à aller le visiter, le découvrir ou le redécouvrir encore et encore.

Pour en savoir plus …

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