L’essence de la permaculture est de concevoir des systèmes autonomes , résilients en prenant comme exemple la nature. Il y a deux options possibles :
-Laisser faire la nature qui reprendra naturellement ses droits mais il faudra un peu de temps,
OU
-Concevoir des systèmes en utilisant la conception permaculturelle qui permet de régénérer la Terre, prendre soin de l’Homme tout en créant l’abondance pour la partager.
Pour vous expliquer la démarche, je vais vous présenter un cas concret, celui du Solijardin des Roses. Ce projet date de janvier 2018, suite à la rencontre avec la propriétaire d’un ancien terrain maraicher, celui de son enfance. J’ai construit ce design en suivant le cours de Permaculture Design.
Pour une lecture facilitée
Le contexte
Le terrain est un ancien terrain maraicher de 4000m2 qui n’était plus exploité depuis plus d’une dizaine d’années, régulièrement labouré et par la suite tondu avec un tracteur.
La maison associée, connue sous le nom de Maison des Roses, s’est reconvertit en un espace bien-être, accueillant diverses thérapeutes et associations.
Pour se souvenir des différentes étapes de la conception ou design, nous utilisons l’acronyme suivant. Nous allons le détailler :
VOBREDIM
V comme Vision
La toute première étape était de partager notre vision entre la propriétaire du terrain et moi-même pour aboutir au résumé suivant :
D’ici à 5 ans, créer un lieu ressource durable de conception permaculturelle qui produira des fruits, des légumes en permettant la transmission des bonnes pratiques à toutes les générations dans le respect des Hommes et de la Terre.
Étant une activité complètement bénévole, nous devions garder toujours en tête que les activités et les projets que l’on mettait en place pouvaient se réaliser de façon ponctuelle sans une nécessité présentielle quotidienne. De plus, on souhaitait représenter des projets différents pour inspirer les visiteurs.
O comme Observation
Cette phase est la phase la plus longue puisqu’il faut prendre le temps d’observer le terrain mais aussi l’environnement voisin, les personnalités qui gravitent autour du projet et nos propres ressentis. Voici quelques exemples :
B comme Bordures
Il est très important de bien faire le point sur les bordures, les limites que cela soient celles du terrain mais aussi les nôtres en tant que groupe de personnes.
Dans ce projet, je vous donne, tout d’abord, quelques exemples de bordures physiques.
En ce qui concerne nos limites du groupe, voici les 3 principales :
-Le budget
-Le temps
-le nombre de personnes dans le projet
Une fois que l’on a conscience de nos limites, on peut travailler à les repousser et pourquoi pas à les transformer en ressources.
R comme Ressources
Le fait de prendre le temps d’observer on s’aperçoit que l’on que l’on a déjà beaucoup de ressources à notre disposition.
Les ressources structurelles
Quelles structures sont en place et quelles ressources peuvent-elles apporter ?
Quelle structure ? | Quelle ressource ? |
Toitures | Récupération eau |
Cave | Chambre froide |
Cabanons | Rangement outillage |
Serre | Premiers plants fragiles, semis |
Bac à compost | compost |
Bassin | Récupération d’eau |
Murs et murets | Brise vents/ microclimat |
Préau | Abri, support de culture |
Puits | eau |
Les ressources naturelles/physiques
Quels sont les matériaux/ressources naturelles du terrain ?
Quels éléments ? | Quelle ressource ? | Pourquoi ? |
Puits | Eau | irrigation |
Végétation des secteurs 1 et 2 | Feuille, broyats | Paillage, aggradation de la terre |
Déchets végétaux de la Maison des Roses | Déchets pour le compost (à mettre en place) | Intrants pour la terre |
Voisinage (proche pour les immeubles ou le quartier) | Déchets verts | Intrants pour la terre |
Toiture de M et Mme Philippe | eau | Stockage de l’eau |
Nous avons également, et tout simplement, laissé pousser le terrain et nous avons ainsi pu découvrir une multitude de plantes, arbres ou arbustes. Nous allons ainsi les récupérer pour les mettre aux endroits souhaités.
La nature est généreuse par essence, il suffit de se laisser guider.
Les ressources humaines
Quelles sont les différentes ressources susceptibles de prendre part de loin ou de près dans le projet ?
Au début de l’année 2018, seules la propriétaire des lieux et moi-mêmes étions concernés par le projet. Petit à petit, doucement mais sûrement, d’autres personnes se joignent à cette aventure.
E comme Évaluation
Après la récolte de données entre l’observation du terrain, nos bordures et nos ressources, il est temps d’analyser un peu tout ça avant d’établir une ébauche des différents éléments à mettre en place.
Un des principes fondamentaux qui résume bien cette étape est que :
Chaque élément doit assurer plusieurs fonctions et que chaque fonction doit être assurée par plusieurs éléments.
D comme Design
Nous arrivons enfin à l’étape Design. Imaginer sur papier tout ce dont à quoi nous avons pensé précédemment. C’est une étape que j’aime particulièrement car c’est une étape de créativité. Et ce que j’aime encore plus c’est de créer dans l’optimisation des actions. Comment faire pour se donner le moins de travail, bon … pas à l’installation mais après quand le système commence à vivre par lui-même!
Voici donc ce que nous avons imaginé pour notre terrain de 4000m2 :
I comme installation
Maintenant on se retrousse les manches. Car même si l’objectif est d’établir un projet autonome et résilient, nous avons aussi décidé de ne pas attendre que la nature fasse son œuvre. Du coup, il nous faut lui donner un petit coup de main.
La forêt-jardin
Nous avons commencé, via le lancement d’une cagnotte, par acheter des arbres pour lancer la forêt-jardin dans le fond du terrain. Nous complétons ensuite par la plantation de bébés arbres et arbustes provenant de dons , de boutures, etc …
Et quel plaisir ensuite de les voir bourgeonner ce printemps. Il a fallu néanmoins en prendre soin tout cet été avec les périodes de canicule.
Le potager
Pour répondre au tout premier principe : CRÉER UNE PRODUCTION, nous avons lancé un potager de 50 m2 ( 9ème principe : UTILISER DES SOLUTIONS A PETITES ÉCHELLES ET AVEC PATIENCE). Cette perspective de résultat court terme (en comparaison à celui de la forêt-jardin) a permis d’intéresser et de fédérer de nouvelles personnes qui sont venues dynamiser le groupe).
Le verger conservatoire
En Bourgogne Franche-Comté, nous avons la possibilité de recevoir des aides financières par la Région pour l’installation d’un verger conservatoire. Notre dossier a été validé techniquement, il n’y a plus qu’attendre la validation financière.
M comme maintenir
L’objectif maintenant est de continuer à embellir ce terrain qui pour le moment nous le rend bien ! C’est aussi de continuer à intéresser les gens à cet enjeu. Nous avons tous des personnalités différentes et chacun, à notre manière, nous apportons des pierres à notre édifice et c’est un vrai plaisir !
N’hésitons pas non plus à utiliser le 4eme principe, celui de l’auto-régulation en acceptant la rétroaction. Le croquis sur le papier est très joli mais rien ne vaut la vraie vie avec ses aléas qui nous permettent, parfois d’aller plus loin que ce que l’on avait imaginé.
Pour finir
J’espère que cet exemple vous aura permis d’y voir un peu plus clair dans la conception permaculturelle. Comme déjà mentionné, chaque projet est unique et ne peut être copié dans son intégralité, mais s’en inspirer est plus que recommandé !
Pour en savoir plus …
Échangeons ….
Vous venez d’acquérir un patrimoine historique, la philosophie permaculturelle vous interpelle mais vous ne savez pas par quel bout prendre le sujet ?N’hésitez pas, contactez-moi, nous pourrons en discuter librement autour d’un café ou autre.
2 commentaires
Article très intéressant. Une belle initiative qui mérite le succès.
J’aime cet article qui nous offre une interprétation concrète des principes de la permaculture! Hâte de connaître la suite de ce projet.